Radeau instrumenté du lac d'Aydat
No-Limit

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Limiter les fermetures de baignade liées aux proliférations de picocyanobactéries

En France, plus de 40% des plans d’eau sont artificiels et ont été le plus souvent conçus pour les activités touristiques et nautiques. La pratique de ces activités en été est conditionnée par la qualité de l’eau. Si la majorité des sites présente une eau de bonne qualité d’un point de vue bactériologique, la présence de cyanobactéries est souvent un élément déclassant, conduisant à la fermeture de baignade en période estivale. La plupart des cyanobactéries sont en effet capables de produire des toxines dangereuses pour la santé animale et humaine. Leur suivi en milieu naturel est règlementé par des directives nationales formulées par la Direction Générale de la Santé et mises en application par les Agences Régionales de Santé. Ces dernières s’appuient actuellement sur une valeur seuil de biovolume de cyanobactéries toxinogènes (directives 2020) calculé à partir du nombre cellules compté sous microscope, et une valeur sanitaire de référence pour les cyanotoxines. Parmi les cyanobactéries, celles de petite taille, appelées picocyanobactéries, sont régulièrement observées dans nos plans d’eau. Certaines d’entre elles sont classées toxinogènes et leur présence induit donc fréquemment des fermetures de baignade. Etant de petite taille et très souvent de forme coloniale, la numération précise de leurs cellules sous microscope est complexe.
Même si la transformation en biovolume leur donne un poids certainement plus proche de la réalité, l’estimation de leur biomasse réelle reste souvent imprécise, très variable entre des réplicats de comptage et peut être ainsi surestimée. Par ailleurs, comme la plupart des cyanobactéries, les picocyanobactéries sont également soumises à l’influence des courants, induits par le vent ou les turbulences, et leur distribution spatiale est très fluctuante dans le temps à l’échelle d’un même plan d’eau. Ainsi, la valeur fournie par un comptage ponctuel dont le résultat n’est disponible que 24 à
48h après le prélèvement, ne suffit pas pour estimer précisément l’abondance des picocyanobactéries et le risque toxique associé. En 2017 et 2018, dans le Puy de Dôme, plus de 40% des sites de baignade ont fermé suite à des proliférations de picocyanobactéries, générant un manque à gagner de plusieurs centaines de milliers d’euros (pour exemple, estimation de 30 000€ de déficit pour 15 jours de fermeture de la base nautique d’Aydat). Même lorsque la baignade est à nouveau autorisée, les touristes s’étant détournés des sites contaminés, il reste très compliqué de retrouver une activité touristique satisfaisante et la saison est souvent compromise.


L’objectif global du projet Nolimit est d’améliorer la prise en compte des picocyanobactéries et du risque toxique leur étant associé afin de limiter les fermetures de baignade aux seules périodes à risque.

Le projet s’articulera autour de 4 axes majeurs :
1) Comparaison de méthodes d’estimation de la biomasse des picocyanobactéries :
comptage sous microscope, analyse d’image, PCRquantitative, cytométrie en flux, sonde fluorimétrique ;
2) Calibration de sondes spectrofluorimétriques de terrain pour intégrer la détection en temps réel des picocyanobactéries et proposer une adaptation de leur configuration par site ;
3) Caractérisation de l’écophysiologie des picocyanobactéries : potentiel toxique, cycle de développement, répartition spatiale, diversité ;
4) Développement d’une interface web d’outil d’aide à la décision et d’information sur la qualité de la baignade à destination des gestionnaires et du grand public
 

Radeau instrumenté du lac d'Aydat
Radeau instrumenté du lac d'Aydat pour la mesure automatique des paramètres de l'eau © Delphine Latour

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delphine.latour@uca.fr